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12 janvier 2019

[CHRONIQUE] Aux origines (The Rolling Stones - Sticky Fingers, 1971/ Creedance Crearwater Revival - Cosmo's Factory 1970)

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Mais où donc est il né ? Fils du blues, d’aucuns situent son lieu de naissance dans le  Mississipi Delta – rien à voir avec le Delta du Mississipi : il s’agit de la région cotonnière située entre le Mississipi et son affluent le Yazoo, entre le Jackson chanté par Johnny Cash et le Memphis ou Elvis enregistra ses premiers essais, autour de Clarksdale, où le bluesman Robert Johnson vendit son âme au diable… D’autres le voient apparaître dans un bouge de la Nouvelle Orleans, dans une petite maison de Tupelo (au Sud Est de Memphis), au  2120 S. Michigan Avenue  de Chicago, légendaire studio des frères Chess, ou ailleurs dans le Deep South : Albany (Georgie), Barnwell (Caroline du Sud) ou Macon (Georgie, et non pas Saône et Loire)…

En fait il est né ici et partout à la fois… Témoins, deux de ses plus grands représentants : Rolling Stones et Creedance. Les premiers viennent de la banlieue de Londres. Les seconds, entretiennent un mythe : ils ne sont pas nés dans le Bayou louisiannais comme ils le proclament, mais à Berkeley, celèbre campus californien ! A partir des deux ingrédients – blues et country – qui ont donné naissance au rock ‘n roll au début des fifties, ils recréent dix ans plus tard leur langage, y instillant une dose de soul (on disait avant rythm ‘n blues) , et un peu de la pop inventée par les Beatles…

Le son a gagné en puissance depuis les pionniers de la génération précédente, mais les guitares blues sonnent plus moites que jamais (Mick Taylor !) , les voix plus noires (celle de Mick Jagger en particulier) ou plus rageuses (John Fogerty).

Pour les Stones, il était important de revenir au sources (les studios de Muscle Shoals , Alabama) pour Sticky Fingers ; pour CCR, le voyage se fait à domicile. Pour les deux, il est crucial de retrouver LE son, venu de Ray Charles, de John Lee Hooker, de Little Richard, de Chuck Berry, de Fats Domino… Mais finalement avec ces deux albums, ils vont trouver leur son : énergique, illuminés de parties de guitares à l’os (riffs secs et tranchants assénés par Keith « riffman » Richards - Can’t You Hear Me knocking, les frères Fogerty sur Up Around The Bend), ou lyriques (Mick Taylor sur Sway et Moonlight Miles et la fin de Can’t You Hear Me knocking ou Tom Fogerty sur Ramble Tamble). Les rythmes, portés par les sections Doug Clifford/Stu Cook et Charlie Watts/Bill Wyman sont binaires (Ramble Tamble, Ooby Dooby), shuffle (Before you accuse me) ou bluesy (Can’t hear me knocking, I Got the Blues).

Les arrangements font une part belle aux cuivres (Brown Sugar, jam foutraque, Travelin’ Band, rock ‘n roll enragé à la Little Richard, Long As I Can See the Light et I Got the Blues, rappelant les meilleurs Otis Redding, Can’t You Hear Me knocking et son long solo de sax, Bitch et sa section de trompettes) et aux pianos bastringues (Before you accuse me, Brown Sugar, Sway, Dead Flowers)

Les hommages sont toujours présents : le elvissien My Baby Left Me d’Artur Crudup, I Heard it through the grapevine de Marvin Gaye…mais les morceaux les plus exceptionnels sont ceux qui oublient les influences pour mieux réinventer : la superbe ballade acoustique Wild Horses ; Brown Sugar, pièce maîtresse s’ouvrant sur un riff d’anthologie et partant en jam foutraque, avec solo de sax ; Sister Morphine  (avec la participation du grand guitariste slide qu’est Ry Cooder ); Lookin’ Out My Back Door et son intro de guitare slide innoubliable,…

Certains morceaux sont quant à eux plus ancrés dans leur époque, celle de la fin des sixties ( le planant Can’t You Hear Me knocking et son solo à la Santana ; Moonlight Miles et son ambiance ouatée et orientalisante) , l’époque aussi de la guerre du Vietnam (Run Through the jungle avec son ambiance glauque comme une forêt indochinoise et son harmonica destructeur), Du blues le plus rural ( You Gotta Move ) à la country la plus hillbilly (Dead Flowers) en passant par les rocks les plus binaires, c’est un vrai melting pot des musiques américaines revisitées qu’on trouve ici, annonçant Springsteen ici (le chant de John Fogerty) ou CSN&Y là (les refrains en cœur de Who’ll stop the rain) sans jamais tomber dans le pastiche ni dans la référence polie. La base.

 

D'autres chroniques

http://clashdohertyrock.canalblog.com/archives/2012/01/24/16061435.html

http://clashdohertyrock.canalblog.com/archives/2010/04/02/17436016.html

http://fp.nightfall.fr/index_572_creedence-clearwater-revival-cosmo-s-factory.html

http://fp.nightfall.fr/index_59_the-rolling-stones-sticky-fingers.html

 The Rolling Stones, Brown Sugar , live at Top of the Pops (1971)

 

Rolling Stones , Can't you hear me knocking, feat. Mick Taylor, Glastonbury 2013

 

 CCR - Looking Out My Back Door 

 

John Fogerty, et ses éternelles chemises de bûcheron - Up Around the Bend (live 2005)

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