Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rock Notes
Derniers commentaires
Archives
20 janvier 2022

[CHRONIQUE] Rock en fusion (David Bowie - Station to Station , 1976 / Massive Attack - Mezzanine , 1998)

bowie

mezzni_

 

 

 

Depuis les origines, le rock est une fusion, issu des amours du blues et de la country/hillbilly/bluegrass - avec même une touche de swing dans ses premiers jours, avant que ne s'ajoutent une multitude d'autres ingrédients (chansons populaires, musique indienne, ou autre...). Et comme en cuisine, le dosage des ingrédients compte. Trop peu, ça peut être insipide, en trop grand nombre on peut tomber dans l'indigeste en cas de mauvais dosage. Les tentatives de mélanges osées de Zappa, Beck ou autre Rage Against The Machine ont pu parfois donner la nausée. Savoir allier musiques "noires" (blues, funk, soul, hip-hop) et "blanches" (pop, folk, country, music hall...) n'est pas donné à tout le monde. Certains grands chefs ont ce savoir magique et savent créer des chefs d'oeuvre en associant légumes oubliés, épices orientales et zeste de yuzu. Dans le monde de la musique rock, ils s'appelent par exemple Ray Charles, auteurs de crossovers mémorables entre soul et country ou plus près de nous les frères ennemis Mickaël Jackson et Prince – quoi qu’on puisse penser de ses deux là, ils allaient alègrement puiser dans une multitudes de genres (funk, disco, pop, électro, rock…) avec un certain succès…

Dans une veine plus « arty », David Bowie ou Massive Attack ont excellé dans le mélange des genres, à deux décennies d’intervalle.

Les deux premiers titres de Station To Station et Mezzanine en sont à eux seuls des illustrations. Prenons le titre éponyme de l'album de Bowie : on y trouve une intro de chemin de fer synthétique façon Kraftwerk, des sons de guitares grinçants sur un piano bastringue façon glam, une rythmique funk, des percussions tropicales, la voix hallucinée du Thin White Duke, avant que le morceau ne bascule à la moitié sur un tempo plus enlevé vers une espèce de groove discoïde sur lesquelles le guitariste Earl Slick donne libre cours à son inspiration quasi hard-rock. Dix minutes de chakchouka, qui, malgré la diversité des éléments, se tient, construisants un univers assez unique. Avec cet album, Bowie avait trouvé la formule magique entre ses précedents albums, glam puis de plus en plus « soul », et ses expériementations germaniques qui allaient suivre... Ce travail d’équilibriste, Massive Attack s’en est aussi fait une spécialité dès ses débuts, au ralentissant le rap, et en y injectant de bonnes doses de soul ,de reggae et de house music (ce qu’on a appelé le trip-hop). Avec Mezzanine , c’est tout un pan du rock anglais dit « indé » que le trio de Bristol tente d’y amalgamer. Et Angel, le titre d'ouverture de Mezzanine, en donne la preuve : encore plus kaleidoscopique puisque mélangeant une basse reggae/dub, riff de synthé orientalisant, ambiance inquiétante très post punk, avec la voix déclamante du chanteur reggae Horace Andy, à contre emploi, se perdant dans un déluge de guitare saturées et néamoins orgasmiques ! Une rencontre étonnante d'un univers dub et de sons new-wave, Lee Perry et The Cure…

A ce stade, plus rien n'est interdit et toutes les frontières tombent. Nos savants fous ont tenté toutes les hybridations : pour Station to Station : doo-wop et glam-rock sur  Golden Years (ou les basses funky rencontrent une instrumentation assez loufoque incluant synthétiseur Moog,handclaps,vibraslap, ou mélodica...) , pop-soul fifties et piano bastringue sur l’OVNI TVC 15 , ou mélange de musique funky, de chant crooné et de hard-rock sur Stay ... Sur Mezzanine, les expériences vont bon train aussi : Risingson est un titre de rap lent incorporant un sample du Velvet Underground ! Teardrop un univers pluvieux et glauque construit à partir d'un sample de jazz sur laquelle se superpose un riff de clavecin, avant que n'émerge la voix surréelle d'Elizabeth Fraser (Cocteau Twins) , diva indie pop par excellence. Jazz-soul avec traits de synthétiseurs (Exchange), electro drum'n bass avec guitares grunge (Dissolved Girl), vocal reggae sur fond de musique industrielle (Man Next Door), Massive Attack ose tout et réussit tout, sans tomber dans le patchwork façon Primal Scream.

Alors que d’autres ont creusé leur sillons en bons artisans métalleux ou en chanteuse R&B, des artistes comme Bowie et Massive Attack ont été là pour montrer d’autres voies et créer de nouveaux univers . On ne peut que les remercier d’avoir sû sortir de si beaux albums de leurs laboratoires.

 A lire aussi : 

 https://en.wikipedia.org/wiki/Station_to_Station_(song)

https://ig.ft.com/life-of-a-song/teardrop.html

 

 David Bowie, Station to Station (live)

 Massive Attack ft. Horace Andy, Angel (live à Glastonbury 2008)

 

 Massive Attack ft. Liz Fraser , Teardrops (live Paris 2019) . Immense.

Publicité
Commentaires
Albums Photos
Publicité
Publicité