Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rock Notes
Derniers commentaires
Archives
28 mai 2013

[CHRONIQUE] BritPop Has Been(s) (The La's - The La's, 1990)(The House Of Love - The House Of Love "Butterfly album", 1990)

 

100826055914678588

The House of Love (Butterfly Album)

Dans la seconde moitié des années 90, impossible de passer à côté de la Britpop, phénomène remplissant les stades et les articles people des tabloids, emmené par deux groupes rock pseudo-rivaux : Oasis et Blur. Avec ce mouvement, c'est la revanche des sujets de Sa Majesté sur les Amériques et la déferlante metal/grunge du tournant des années 1990 , j'ai nommé Metallica/Nirvana/Pearl Jam/Rage Against The Machine/Soundgarden et autres avatars . La recette est simple : des guitares, de la gouaille et des références constantes aux glorieuses années du rock anglais, celles des sixties, donc des Stones, Beatles, Kinks , Who et autre Small Faces.

Mais il ne faut pas s'y tromper : comme souvent Oasis et Blur ne firent que ramasser la moisson de graines semées un peu en amont, en particulier par les deux formations qui nous occupent ici : The La's et The House Of Love, auteurs de deux chefs d'oeuvres discographiques des années 90, malheureusement trop méconnus.

Pour The La's , combo venu de Liverpool comme qui vous savez, le chef d'œuvre en question est un album éponyme , avec sa très belle pochette oculaire. L’album contient en plage 5 un hit – un tube – un sommet – l’arbre qui cache la forêt : There She Goes et sa mélodie imparable. Un titre prêt à faire partie du folklore britton puisque c’est typiquement le genre de morceau à être repris, réutilisé, réarrangé sans qu’on se souvienne des auteurs ! La forêt, pourtant, mérite le détour : les titres s’enchaînent à la suite, avec au minimum une idée géniale par morceau. Refrains entêtants et punchy (Son of A Gun), rythmiques d’une précision sans beaucoup d’équivalent (Timeless melody), hymnes teigneux que n’auraient reniés les Stones des débuts (Liberty Ship), balades désabusées (Freedom Song) , titre power pop digne des Pretty Things (Feelin’) se succèdent sans baisse de niveau. Dénominateur commun : une mélodie impossible à oublier pour chaque titre – même sur les plus rêches (Failure) ou les plus psychédéliques (le final exceptionnel Looking Glass ). La production est sobre, tendue comme la raquette de Thomas Muster. Les guitares, sèches, très sèches (Dolerdrum) – ou saturées, très saturées (I can’t sleep), sont officiellement de retour, avec cinq ans d’avance sur Oasis. Un disque hargneux, la teigne de Lee Mavers et John Power ayant beaucoup à voir avec le Who de My Generation, sinon au moins la même fraîcheur.

Autant les références aux légendes des sixties paraissent inconscientes dans le cas des La’s autant l’album dit « Papillon » de The House Of Love regorge de références avouées et préméditées. On n’intitule pas un titre « The Beatles and The Stones » pour rien. Impossible en effet de ne pas penser en écoutant cet excellent album aux grands géants du passé : Beatles pour les mélodies, Stones pour l’énergie, Stooges pour la saturation, mais aussi le Velvet pour le travail sur les textures, Léonard Cohen pour les textes, et une bonne influence néopsychédélique dans la lignée d’Echo & Bunnymen… The House Of Love et son leader Guy Chadwick sont le chaînon manquant entre le rock indépendant des eighties (The Smiths, Lloyd Cole and the Commotions) et la vague Britpop d’Oasis & co. Musicalement, l’album papillon est une recréation géniale à partir d’ingrédients passés en désuétudes lors de son écriture (solos de guitares…arpèges de guitares…murs de guitares…strates de guitares acoustiques et électriques empilées en millefeuille). Le petit plus définitif, c’est l’art de Guy Chadwick pour combiner à ces ingrédients des textes très cohenniens d’une qualité sans beaucoup d’équivalent dans sa génération, qu’il chante par-dessus le marché d’une voix chaude et pleine de justesse. Résultat : intro mystérieuse et lyrique (Hannah), un single époustouflant, mélodique et tout en puissance (Shine On) – un des titres les plus marquants de la décennie - ballades millimétrées (Beatles and Stones, Blind, Se Dest), tubes en puissance (Shake and Crawl, Take my heart, I don’t no why I love you) ou surpuissants (The Hedonist, Never), solos d’anthologie (In A Room) . Absolument rien à jeter sur cet album bon du premier au dernier morceau – ce qui est assez rare pour être signalé, bien qu’il s’agisse d’un point commun avec celui des La’s. Les frères Gallagher auraient aimé écrire ne serait-ce qu’un titre de cet album… quant à Chris Martin (Coldplay) je ne serais pas étonné d’apprendre que sa nounou écoutait The House Of Love.

Pour ces deux formations d’exception, qui auraient pu devenir l’équivalent des Beatles et des Stones des nineties, quelque chose a pourtant cloché. Les raisons en sont assez différentes. Dans le cas de Lee Mavers et des La’s, il s’agit d’un sabordage méthodiquement organisé. Sous l’influence de son perfectionnisme maladif et de sa dépendance à diverses substances, il récuse la production de l’album pourtant sobre et impeccable, signée – excusez du peu – Steve Lilliwhite (War de U2, Black Sea de XTC) et se mure dans le silence. Il n’en ressortira qu’en 2011 pour un concert inopiné à Rock en Seine, massacrant au passage les titres attendus du public quadragénaire.

House Of Love au contraire, pensait voir son heure arrivée. Guy Chadwick, se voyait déjà en haut de l’affiche. Le succès critique de l’album papillon était total, pourtant le public resta timide. Deux albums moins homogènes plus tard, le groupe splitta, fatigué d’attendre un succès qui ne venait pas. Et puis le balancier était reparti outre Atlantique, avec REM puis Nirvana. Depuis, en solo ou avec un House of Love reformé (incluant Terry Bickers, le guitariste des débuts), il distille de petits chefs d’œuvre tous les 8 ans, sans espoir aucun de retourner sous les feux de la rampe…

Reste ces deux pépites, la plupart du temps oubliées des rétrospectives, secret bien gardé d’anciens inrockuptibles aujourd’hui quadragénaires, quelques notes de There She Goes ou Shine On suffisant à les replonger comme une madeleine de Proust dans une époque où l’on communiquait sur Minitel, et où l’on écoutait religieusement Lenoir en révisant le baccalauréat série C.

The La's , There She Goes

The La's - Looking Glass

The La's - Son of A gun

The House of love - Shine On

The House Of love - In a room

The Houe of Love - The Beatles and the stones (live 2014)

 

Publicité
Commentaires
Albums Photos
Publicité
Publicité