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18 novembre 2019

[CHRONIQUE] Superproductions (The Beatles - Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band, 1967 - Pink Floyd - The Dark Side Of The Moon)

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La musique symphonique a eu la 9eme de Beethoven et le cubisme les Demoiselles d’Avignon. Pour la musique électrifiée d’après guerre, les amateurs auront eu droit à deux chefs d’œuvre pour le prix d’un : Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles et The Dark Side of the Moon de Pink Floyd. Deux albums spectaculaires et détenteurs de moult records : le premier fut classé 23 semaines consécutives en tête des ventes en Grande Bretagne et 15 semaines aux Etats Unis ; le second détient toujours le record de l’album classé le plus longtemps au Billboard : 942 semaines (soit dix huit ans cumulés) . Enfin les ventes : 32 millions d'exemplaires pour le premier, 45 pour le second (chiffres officieux) .

S’il est impossible d’expliquer complètement un tel succès, il est tentant de tirer des points communs entre les deux albums. Paradoxalement, Sgt Pepper n’est pas le plus abouti de la discographie des Beatles : la vraie rupture, c’est Revolver, avec son brio mélodique et ses innovations (quatuor à cordes, volutes indianisantes, thèmes psychédéliques ou expérimentation sonore radiacale de Tomorrow Never Knows). De même pour Pink Floyd, la plupart des éléments de The Dark Side sont déjà présents dans l’opus précédent, le sous estimé Meddle : échantillons sonores, effets stéréophoniques, longue plage ambitieuse et planante (Echoes), jeu de guitare stratosphérique de David Gilmour… Tous deux sont de brillants coups d’essais pour le coup de tonnerre à suivre, encore plus « produit » (les séances de studios s’étalèrent pour les deux opus sur environ 5 mois, dans les studios EMI d’Abbey Road), avec un son plus « polis » (la prédominance des compositions solaires de McCartney, les chœurs souls de The Dark Side, plus généralement la recherche sonore…). Tous deux ont été parfois étiquetés « concept albums ». Au pied de la lettre , ce n’est pas tout à fait vrai, les albums ne racontent pas une histoire complète, mais les morceaux s’enchaînent sans coupure, et il y a une grande homogénéité de la production, voire du thème pour the Dark Side , dont nombre de morceaux traitent de la folie/schizophrénie.

Surtout, ces deux albums sont le sommet de ce que l’on peut tirer des moyens d’enregistrement de l’époque : les effets sonores sont multiples (Les cris d’animaux de Good Morning, les bruits de foule de Sgt Pepper Lonely Hearts Club Band  – traité comme un faux live – Time et son carillon d’ouverture ,Money et son beat de caisse enregistreuse, le battement de cœur de Speak To Me), les orchestrations dantesques (l’orgasme instrumental de A Day In the Life, les envolées lyriques de The Great Gig In The Sky ), l’instrumentation toujours plus élaborée (la harpe de She’s Leaving Home, le sitar et les tabla de Within You Without You), les prises de sons instrumentales démentes (le beat de batterie de Sgt Pepper Lonely Hearts Club Band, la basse de Fixing A Hole ou celle de Money, la slide de David Gilmour dans Breathe, ou ses solos dans Time et Money). A noter aussi sur The Dark Side l’apparition d’un instrument révolutionnaire : le synthétiseur monophonique (en l’occurrence le VCS3) responsable des boucles hypnotiques de On The Run et des effets d’intro  de Any Colour You Like.

Car si ces deux albums sont les chef d’oeuvres de deux « bands » , c’est aussi le grand œuvre de deux génies de la production : Georges Martin pour les Beatles (qui intervient d’ailleurs au clavecin sur Fixing A Hole), et l’ingénieur du son Alan Parsons pour les Floyd, enregistrant, recoupant, remixant, ajoutant effets de foules ou instruments exotiques sur leurs consoles 4 (REDD.51) ou 8 pistes (TG12345 MK IV).

Et puis il y aura aussi la résonance avec une époque : le Summer Of Love pour les Beatles (With Or Without You, Lucy In the Sky with Diamonds), le triomphe de la société de consommation pour Pink Floyd (l’emblématique Money). Ajoutons à cela le packaging révolutionnaire, avec textes reproduits (une première pour l’époque) , posters et gadgets, et surtout deux des couvertures les plus iconiques de toute l’ère de la pop musique : la photo de groupe de femmes et d’hommes illustre composée par Peter Blake pour les Beatles ou le célèbre prisme dispersant un spectre de l’agence Hipsigonis pour Pink Floyd.

Les compositions, sans être on l’a dit les plus exceptionnelles de leurs auteurs, ont merveilleusement bien résisté au temps. Sur Sgt Pepper,  When I’m Sixty Four, ou She’s Living Home sont parmi les plus mémorables de McCartney – Lennon est un peu en retrait sur l’album ,  il cosigne heureusement le merveilleux A Day In The Life, qui ponctue l’album. Le Pink Floyd est gorgé de classiques qui restèrent jusqu’au bout dans leur setlist: Us and Them (l’orgue de Rick Wright et le saxophone de Dick Parry), Money bien sûr, mais également les émouvants Breathe, The Great Gig In The Sky (avec l’immense Clare Tory vocalisant), Brain Damage et son final monumental enchaîné à Eclipse.

On peut donc faire la fine bouche, décréter avec snobisme que The Dark Side of The Moon est « trop commercial » ( ?!?) ou qu’il manque Penny Lane et Strawberry Fields – enregistrés pendant les mêmes sessions - sur Sgt Pepper pour qu’il soit absolument incontestable  (certains lui préfèrent Abbey Road) ; pour autant une discothèque sans ces deux albums n’en est pas une.

 

D'autres chroniques :

 

https://www.albumrock.net/album-pink-floyd-the-dark-side-of-the-moon-1096.html

 http://clashdohertyrock.canalblog.com/archives/2012/06/06/15922702.html

http://clashdohertyrock.canalblog.com/archives/2012/06/02/14775445.html

http://www.leseternels.net/chronique.aspx?id=778

 

 The Beatles - A Day In The Life

 

 Pink Floyd - Us And Them , Live 1994

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