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25 janvier 2017

[CHRONIQUE] Terre de Feu (Björk - Homogenic, 1997 / Sigur Ros - Agaetis Byrjun, 2000)

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Islande, terre de contrastes. Geysers, étendues de landes vierges battues par les vents venus de l’Arctique, glaciers d’où surgissent les laves de volcans enfouis… il fallait bien des ressortissants de cette rude contrée, en l’occurrence Bjork et le groupe Sigur Ros, pour faire ressentir dans la musique la nature déchaînée, la Terre, la Mer et le Feu. Chez l’une comme chez l’autre, la technologie (beat box, nappes synthétiques, bruits en tous genres) se mêle à l’organique (cordes, chœurs, chant extatique ou voix de tête) pour créer un genre nouveau , qualifié de "post rock" (mais le Velevt ou Neu! ne sont ils pas déjà du post rock?). Leurs influences puisent en effet autant dans l’atmosphérique de Brian Eno (Agaetis Byrjun ou Viorar Vel Til Loftarasa sur l’album de Sigur Ros), les dissonances cuivrées à la Robert Wyatt (Unravel sur Homogenic, Ny Batteri sur Agaetis Byrjun) que dans le minimalisme et l’approche en strates d’Arvo Pärt, le gourou lapon qui semble être un modèle pour les deux. Autant dire parmi les esprits les plus innovateurs, en marge ou même hors du rock.

Une autre caractéristique de ces deux albums est l’utilisation d’une palette sonore infinie. Chez Bjork par exemple : infrabasses surpuissantes (5 years), crissements (5 years, Pluto), cordes moelleuses (Joga) ou stridentes, drones en tous genres, silences (Immature) ou tintements… Au final, une philharmonie moderne, qui donne lieu à plusieurs sommets. Sur Homogenic, par exemple,- probablement le meilleur album de Björk -  le spectaculaire et wagnérien Bachelorette, où sa voix de diva intergalactique dépasse en puissance les nappes de cordes symphoniques , la rythmique assurée par les basses d’un piano et une boite à rythme rugueuse à souhait. La performance vocale de Bjork sur l’album est d’ailleurs d’une variété extraordinaire : dédoublée (Unravel), lyrique dans (All Neon Like), agressive (5 years), expressioniste et sensible (Hunter, All is full of love), passée au broyeur (Pluto).

Chez Sigur Ros, la pièce maîtresse est Svefn-g-englar, 10 minutes en apesanteur, à flotter dans un liquide amniotique – à moins qu’il ne s’agisse d’une soupe primitive dans laquelle s’agittent aléatoirement des animalcules , comme Kandinsky a pu en peindre. Comme chez ce dernier, le cosmique et l’organique se rejoignent dans une atmosphère cotonneuse, rythmée seulement de rares tintinabulations, jusqu’à ce qu’émerge le falsetto du chanteur Jonsi, susurrant des paroles dans une langue imaginaire évoquant les noms des meubles IKEA. Finalement, un drone bruitiste obtenu en frottant un archet sur une guitare saturée recouvre tout. De nombreuses autres plages sont également contemplatives, mais Sigur Ros sait aussi composer des mélodies plus immédiates, voire recréer, comme Bjork, un folklore islandais rétrofuturiste (Staralfur et son quatuor à cordes), quand ce n'est pas un blues lapon (Hjartad Hammast).

On l’aura compris, les paysages de Bjork et Sigur Ros sont d’abord émotionnels, mêlant passé et futur, terre et mer, chaud et froid, harmonie et stridence, douceur et hystérie. Islande, terre de contrastes, donc.

 

D'autres chroniques ici : http://www.xsilence.net/disque-556.htmhttps://www.gutsofdarkness.com/god/objet.php?objet=1600 (Bjork)

http://www.xsilence.net/disque-1464.htmhttp://www.leseternels.net/chronique.aspx?id=3385, (Sigur Ros)

 

 

Sigur Ros - Sven -g -Englar, en live (2001). Frissons garantis

 

 

Bjork - Joga , en live acoustique (2002)

 

Björk -Bachelorette (live 1998)

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