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17 novembre 2013

[CHRONIQUE] Inoxydables (Paul McCartney - Chaos and Creation in the Backyard , 2005 et Neil Young - Chrome Dreams II , 2007)

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Lorsque, comme Neil Young ou Paul McCartney, on est une légende vivante et que l’on n’a plus rien à prouver, comment arriver encore à livrer des albums après 40 ans de carrière ? Une façon est de changer radicalement de style : c’est ce que fit en 1981 Neil Young avec son album électronique et controversé Trans. C’est ce que fit plus récemment McCartney sous le pseudonyme des The Fireman (album  Electric Arguments en 2008). On peut aussi reprendre ce qu’on sait faire de mieux : les mélodies d’orfèvre pour l’un, le folk électrique pour l’autre, et concocter une « fausse compilation » : un assemblage de chansons qui font penser qu’on se trouve en présence d’un best of alors que c’est un vrai nouvel album. C’est ce qu’on réussi à merveille nos sexagénaires en 2005 et 2007, avec ces deux disques. Durant ces années, le pop –rock tournait un peu en rond , Coldplay, Sigur Ros ou Royksopp étant les seuls a occuper un peu sérieusement le terrain. Chaos and Creation ainsi que Chrome Dreams II sont venus relever le niveau. Merci les papys !

C’est d’autant plus remarquable que nos deux oldtimers ont tous deux une carrière erratique, leurs plus grands titres étant dispersés sur plusieurs dizaines d’albums chacun. Ainsi, pour Paul McCartney, ses meilleurs chansons depuis la fin des Beatles se retrouvent disséminées sur McCartney 1970 (Maybe I’m Amazed), RAM (Another Day, Life of the country) , Wild Life (Tomorrow), Flowers In the dirt (Put It There, We got married), et enfin Flaming Pie, déjà chroniqué ici. Le cas Neil Young est encore plus caricatural : après un âge d’or jalonné de classiques (Everybody know this is nowhere, After the Goldrush puis son best seller Harvest) – qui eux même accusent toujours quelques titres plus faibles – il a sans cesse alterné les genres : rock sombre et confidentiel (Tonight’s the night), country (Old Ways), électro (Trans), pastiche rockabilly (Everybody’s rockin), garage rock sans concessions (Ragged Glory, l’album de la résurection), sans parler des albums ratés des eighties et de ses albums en demi-teinte des nineties . De cette chiée d’albums, on peut par contre tirer une compilation de joyaux, devenus des incontournables en live : Like A Hurricane (sur American Stars'n bars, 1977), Comes A time (éponyme, 1978), Cortez the Killer (Zuma, 1975), Rockin In the Free World (Freedom, 1989), Powderfinger et  My My Hey Hey (Rust Never Sleeps, 1979), Love and only love (Ragged Glory, 1990), ainsi que les très réussis Harvest Moon et Sleeps with Angels.

Dans le cas des deux albums chroniqués ici en revanche les 2/3 des titres auraient sans problème leur place sur une compilation définitive.

Le McCartney d’abord, produit par un Nigel Godrich alors au top (il a quand même le OKComputer de Radiohead et le Up de REM à son ctif). Il se défend d’avoir écouté l’intégrale des Beatles avant de passer en studio : mon œil. On croirait entendre le disque de Beatles soixantenaires (donc fatalement expérimentés et assagis, mais pas croulants pour un sou), reprennant les choses là où ils l’avaient laissé à la fin d’Abbey Road. Pour cela , deux ingrédients : le son (la basse Hofner, le piano Bosendorfer, les pianos Rhodes…, Paulo jouant seul de tous ces instruments) et les mélodies, simples , immédiates, belles, bref en un mot maccartnesques. C’est saisissant, ce sont toutes de nouvelles chansons , actuelles et originales, mais concoctées avec des ingrédients vintage : là un chœur sorti de Abbey Road (Promise to you Girl), ici une envolée de cordes alla Georges Martin (Follow Me, This never happened before), une volute de guitare sortie de I Want You (Riding to Vanity Fair), une caisse claire ringostarresque. Mais on reste toujours dans l’allusion, jamais dans la contrefaçon.  Les titres s’enchainent aussi bien que sur Sgt Pepper, sans les gadgets stereopsychédéliques de l’époque :  intro pêchu et bien emballé (Fine Line);  ballade où piano et quitares finissent per se superposer en strates (How Kind of You), acoustique façon Blackbird avec un petit pont orientalisant très chouette (Jenny Wren),  petite sérénade so british avec solo de pipo « Fool On the Hill » (English Tea).

Deux temps particulièrement forts ; At The Mercy - violoncelles sombres et guitares saturées, Too much rain – une des plus belles chansons du maitre , je pèse mes mots (ces enchainements d’accords plaqués ! ce son ! cette voix !).Il faut dire que sur cet album la voix de Paulo mérite son surnom de la voix d’or,  et sa diction digne d’une méthode Assimil nous en met plein les oreilles autant qu’il en a plein la bouche .

What a pleasure it would be
Chatting so delightfully
Nanny bakes fairy cakes
Every Sunday morning

(English Tea)

Et puis on sent Paulo vraiment heureux , balançant ici un solo de guitare pile poil comme il faut sur fond de rockabilly vintage (Promise to you Girl), là une petit intro de piano à la Keith Jarrett soutenue par la basse Hofner sonnant comme en 1967 (This Never Happened Before)…

Jouace, le loner ne l’est pas moins à l’entame de son Chrome Dreams II , recueil de titres composés sur une bonne trentaine d’année, et qui auront attendu 2007 pur se retrouver rassemblés. L’intro donne le ton :

One mornin' when I was ridin' in my old pickup truck
A beautiful bluebird came flyin' down
My eyes caught the color, as it lead me down the road
Dippin' and bobbin' in the sun

(Beautiful Bluebird)

Le vieil écolo a ressorti la vieille Lincoln pour tracer la route dans l’arrière pays mojave , à l’affut des beautés de la nature. Les chœurs endormis sont signés Crazy Horse, c’est bien sûr, et l’harmonica est 100% bio. Sur Boxcar, le banjo toise la Gibson Les Paul, et ça le fait. Ordinary People  pourrait passer pour un fond de tiroir puisqu’il date de a période Blue Notes (fin 80s) : en fait c’est une longue plaidoirie pour le prolo US , un peu springsteenienne, bien mieux mixé que toute la production tape à l’œil de l’époque – ce malgré la présence de cuivres, ce qui n’est pas gagné. Spirit Road et No hidden path sont deux titres du plus pur Neil Young électrique : intro sursaturée, larsens et distorsions, rythmiques plombées…

Enfin, l’album se clot sur un des OVNI dont Neil Young a le secret : piano droit et chorales célèste de têtes blondes pour accueillir la plus célèbre voix de fausset au nord du Pécos (The Way).

Assoupies à force de groupes markétés et tellement peu inventifs des années 2000 (Strokes, Muse et leurs avatars), nos portugaises avaient bien besoin d’être un peu réveillées…

Inoxydables et décapants.

PS : c’est drôle, ils viennent de remettre ça (Psychedelic Pills, 2012 et New, 2013) !

Paul McCartney, This Never happened before

Paul McCartney, Too much rain (live at BBC)

Neil Young , Beautiful Bluebird

 Neil Young , Spirit Road, live 2008.

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